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Qu'est-ce que C.A.R.E.?
Comprehensive Accounting in Respect of Ecology

Présentation de C.A.R.E.

  • En quoi C.A.R.E. n'est pas (que) une méthode ou un modèle comptable?

  • En quoi C.A.R.E permet de repositionner les débats sur la comptabilité (financière et écologique), la perspective sur les modèles d'affaires, l'économie de façon plus générale?

  • En quoi C.A.R.E est un cadre d'analyse particulier?

  • Et en quoi C.A.R.E réalise une articulation entre théorie et pratique?  

  • En quoi C.A.R.E. intègre les limites planétaires et se différencie/se rapproche de la Théorie du Doughnut

Initié dès 2013 [1], C.A.R.E. propose une évolution de la comptabilité des organisations (plans de comptes, tableaux de bord, bilans et comptes de résultats, etc.), et des pratiques qu’elle structure (performances, pilotage, modèle d’affaires, contrôle de gestion, etc.).

C.A.R.E. n'est donc pas une simple technique/méthode comptable.

Le prisme de la comptabilité pour de telles évolutions repose sur le fait que les systèmes comptables constituent le langage, l’architecture, des organisations, et, en conséquence, de l’économie.

C.A.R.E. désigne

  • le mécanisme d’extension de la logique de la comptabilité en coûts historiques (structure des normes comptables mondiales historiquement, du fonctionnement des organisations et de l’ "économie réelle") pour y inscrire 

  • l'obligation de préserver les milieux naturels et les êtres humains, employés par les organisations et reconnus comme « capitaux » à protéger – les capitaux pour C.A.R.E. –,

  • et cela, de manière similaire à l'obligation classique de protection du capital financier.

 

Ainsi, en conséquence, à titre d'exemple, pour C.A.R.E, une entreprise ne peut calculer son profit qu'une fois garanti le ‘remboursement’ de sa ‘dette écologique’ envers ses capitaux naturels et humains, comme elle le fait déjà pour son capital financier.

➡️ Un capital pour C.A.R.E est dès lors une entité (être humain ou écosystème) « capitale » employée par une organisation et reconnue comme devant être préservée pour elle-même[2].

N.B : pour C.A.R.E., le capital n’est donc un capital au sens économique du terme, à savoir une source de productivité, mais une avance constituant une dette à rembourser, ce qui différencie l’approche de C.A.R.E des modèles multi-capitaux existants : C.A.R.E. non seulement n’intègre pas la nature et les êtres humains sous l’angle de leur valeur économique productive et de capitaux immatériels mais s’oppose à l’idée d’internalisation des externalités, qui renvoient les enjeux écologiques à de simples défaillances de marché. C.A.R.E. représente d’ailleurs le projet pilote d’intégration des capitaux comme des avances/dettes en comptabilité.

La préservation des capitaux naturels et humains selon C.A.R.E. s’appuie sur le respect des bons états écologiques des écosystèmes et des notions de décence au travail ainsi que d’intégrité physique et psychique des êtres humains, compris sur base scientifique et collectivement acceptée.

Le « bon état écologique », notion provenant des sciences écologiques, peut être vu comme l’état de santé d’un écosystème : il territorialise et opérationnalise en particulier le concept de "limites planétaires". 

➡️ Pour les liens et différences entre C.A.R.E. et la théorie du Doughnut, cf. site de la chaire "Comptabilité Ecologique" et sa note dédiée.

C.A.R.E. articule des comptabilités non-monétaires et monétaires, pour concevoir in fine un système totalement intégré, pouvant se substituer aux comptabilités actuelles financières. Dans ce cadre, C.A.R.E. développe un projet de système de plan de comptes et de principes permettant une possible normalisation comptable intégrée.

Méthodologie comptable, elle s’inscrit dans un cadre conceptuel et plus largement dans une théorie socio-économique, qui constituent l’ensemble du projet C.A.R.E., fondé

  • sur une prise en compte des enjeux écologiques, conjointement aux enjeux financiers, par le prisme de la dette écologique (naturelle et humaine) et

  • sur une compréhension de l’économie à travers la réalité du fonctionnement des organisations (privées et publiques).

C.A.R.E. est porté par une communauté, composée d’académiques, de professionnels (entreprises, experts comptables, etc.) et d’associations (telles que le WWF France), fédérée par la chaire publique "Comptabilité Ecologique" au niveau de la recherche, et par l’association CERCES, au niveau des professionnels et associatifs.

Elle s’alimente de projets de recherche (environ une dizaine actuellement) et est mise en œuvre opérationnellement dans plusieurs organisations (environ une trentaine) (sa version opérationnelle étant la V2 structurée autour de 8 phases), tout en étant reconnue auprès des institutions internationales (C.A.R.E. figure notamment dans la liste des outils méthodologiques inventoriés à l’international par la TNFD – Taskforce on Nature-related Financial Disclosures et a été cité dans un working paper du FMI comme cadre pour lutter contre le court-termisme actionnarial). Au vu de cette demande en termes de mise en oeuvre, le CERCES a créé l’ICGS (Institut de formation en Comptabilité et Gestion Soutenables) délivrant en particulier une formation habilitant à la mise en œuvre de C.A.R.E. et développe une standardisation/informatisation de la méthode.

[1] Par Hervé Gbégo, ancien vice-président en charge de la durabilité au Conseil National de l’Ordre des Experts-Comptables, Alexandre Rambaud, codirecteur des chaires "Comptabilité Ecologique" et "Double Matérialité" et Jacques Richard, professeur émérite à l’Université Paris-Dauphine.

POUR ALLER PLUS LOIN

C.A.R.E. apparaît d'abord comme un modèle comptable, proposant de faire évoluer les bilans et comptes de résultats des entreprises, et ainsi toute l'analyse des performances organisationnelles, pour inscrire l'obligation de préserver des "entités capitales" - les capitaux au sens de CARE - naturelles et humaines employés par les entreprises.

Ainsi, en conséquence, selon C.A.R.E., une entreprise ne peut calculer son profit qu'une fois le "remboursement" de sa dette écologique, envers ces capitaux naturels et humains, garanti, comme elle le fait déjà pour ses capitaux financiers.

Cette idée générale, très schématique, s'inscrit en fait dans un projet global que nous introduisons ici. Nous revenons également sur les fondements de cette idée.

Le projet CARE 

Le projet CARE n'est ainsi pas une simple méthode ou un simple modèle comptable mais est un programme de recherches et développements, qui "fonctionne" selon une approche axiomatique et déductive, à partir d'analyses scientifiques et d'hypothèses, relatives aux orientations de la comptabilité, de l'économie et de l'écologie et qui construit, sur ces bases, une méthodologie comptable opérationnelle.

CARE est dès lors un programme complet visant à ré-interroger la comptabilité et l'économie, pour définir, de manière scientifique, l'architecture organisationnelle adéquate, c'est-à-dire le cadre conceptuel comptable adéquat, comptablement et économiquement fondée, appropriable par les acteurs de terrain, opérationnelle et alignée sur la soutenabilité forte.

Dans ce cadre, et en conséquence, le projet CARE se structure autour de plusieurs axes, regroupant: 

Le projet CARE englobe ainsi notamment :

Opérationnellement, CARE apparaît comme le seul système comptable (au niveau international), ​

  • totalement intégré: CARE se fonde sur des comptabilités biophysiques, croisées ensuite avec des données financières, pour obtenir un intégration entre données financières et socio-environnementales. Cette intégration se manifeste notamment:

    • par l'apparition de comptes, au niveau du Grand Livre, du bilan et du compte de résultat, mêlant aspects financiers et extra-financiers;

    • par des évaluations monétaires, traduisant les enjeux de préservation des capitaux; 

    • par une restructuration de certains comptes financiers du Grand Livre (par exemple, la notion de "salaire" disparaît dans CARE pour être remplacée par des comptes renvoyant à des aspects non financiers mais aussi humains - de préservation des capitaux humains / là où le salaire n'enregistrait qu'un aspect financier, CARE reconnaît par exemple le paiement de compétences - aspect financier - et la nécessité de préserver des êtres humaines - aspect humain).

En cela, le bilan et le compte de résultat de CARE ne sont pas un bilan et un compte de résultat financiers classiques, augmentés d'un bilan et d'un compte de résultat verts ou socio-environnementaux, mais bien un bilan et un compte de résultat intrinquant pleinement enjeux financiers et socio-environnementaux (de multiples façons).​

  • aligné sur la soutenabilité forte écologique;

  • donnant un cadre méthodologique pour appréhender la restructuration des modèles d'affaires et des tableaux de bord;

  • proposant une évolution de la comptabilité générale et du plan de comptes, et ainsi une pré-normalisation comptable pour un plan de comptes intégré. CARE peut d'ailleurs être envisagé pour une analyse des conditions et exigences conceptuelles et concrètes pour converger vers un tel plan de comptes. 

➔ Cartographie des axes du projet CARE

Utiliser + et - pour zoomer et dézoomer sur la cartographie

Les modèles 1 et 2 sont détaillés ici.

 

Détails de certains éléments importants du projet CARE

En conséquence de ces constats, CARE structure notamment un cadre conceptuel comptable, rejetant les approches par la « valeur » et explorant scientifiquement la convergence entre comptabilité « classique » (modèle 1) et enjeux de préservation écologiques : CARE assure un (re)cadrage global de l’activité des organisations.

En tant qu'extension du modèle 1, CARE étend déjà la définition du capital financier comme avance/dette aux enjeux non financiers

➤ Les capitaux au sens de CARE sont définis ainsi: 

un capital est une « entité » (matérielle ou non, humaine ou non), employée et consommée (par l’organisation) dans son modèle d'affaires/organisationnels, dont l’existence est indépendante de l’activité de l’organisation (notamment de son utilité/productivité), et reconnue comme devant être préservée.

Un capital est une « entité capitale », source de préoccupations.

➤ CARE repose ensuite sur une extension systématisée du suivi des emplois/consommations, dans l’activité de l’organisation, de ces capitaux ainsi que de la garantie de leur « remboursement » (préservation) à termes, impliquant la mise en place de comptabilités biophysiques, de tableaux de bords, etc. adaptés.

➤ CARE s’inscrit dans la soutenabilité forte écologique : chaque entité « capitale », humaine ou non (comme une rivière, un employé, une forêt, la biodiversité, le climat, etc.), doit être préservée dans son intégrité, une à une.

CARE ne conduit donc pas à un comptabilité "triple capital", mais multi-capitaux: il y a autant de capitaux que d'entités capitales à préserver.

➤ CARE amène à la restructuration du modèle d’affaires : pour exploiter les entités capitales et ainsi créer de la valeur, CARE conduit à s’interroger, dès l’amont, sur la manière de préserver les capitaux utilisés pour cette création de valeur: à côté de la « fonction d’exploitation » est mise en évidence une « fonction de préservation ».

CARE comme base théorique socio-économique

Dans ces conditions, CARE est aussi conçu et développé (notamment au niveau de la recherche) comme une théorie socio-économique particulière, caractérisée :

  • par une redéfinition de l’économie à travers ses systèmes comptables (organisationnels, nationaux, écosystémiques, etc.) – renouant ainsi avec une tradition de l’économie comme « mode d’administration d’un ‘foyer’ commun » par le biais d’outils de gestion qualitatifs et quantitatifs adaptés (systèmes comptables) ;

  • dans cette optique, par une prise en compte de la notion de dette écologique et des conséquences socio-économiques de cette notion ;

  • par une représentation de l’économie sous la forme de flux dynamiques de capitaux monétaires et écologiques (biophysiques, humains, etc.) (extension de la partie double à l’économie), évalués à leur coût de préservation ;

  • par une nécessaire définition collective et scientifique des capitaux non-financiers (écologiques) ;

  • par une évolution des modélisations macroéconomiques sur ces bases.

CARE conduisant à une méthodologie comptable

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