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Méthodologie de CARE

Éléments méthodologiques de CARE 

Présentation des grandes phases dans la mise en oeuvre de CARE 

NB: cette présentation est une simple synthèse ne permettant pas de mettre en oeuvre CARE

Méthodologie Version V2
mise à jour: Décembre 2023

La méthodologie C.A.R.E. est logiquement déduite du cadre conceptuel de C.A.R.E. et des différents axes du projet C.A.R.E.

Cette méthodologie évolue dans le temps pour s’affiner opérationnellement, tout en restant cadrée par le cadre conceptuel.

La méthodologie actuelle est la version 2 (V2). Elle repose sur 8 phases.

Les organisations peuvent s’arrêter à une phase donnée, selon leurs besoins et leur « maturité » (en termes d’informations disponibles, de restructuration de leur modèle d’affaires, etc.).

Méthodologiquement, C.A.R.E. permet de recomprendre et de restructurer

  • les tableaux de bord,

  • les indicateurs,

  • le modèle organisationnel,

  • la compréhension de la création de valeur, du chiffre d’affaires et de la chaîne de valeur/approvisionnement,

  • le bilan/compte de résultat

  • les performances de l’organisation,

articulant des comptabilités biophysiques/non-monétaires et une comptabilité intégrée finale, connectée à la comptabilité financière de l’organisation, apte à se substituer à la comptabilité financière classique.

Les capitaux, au sens de CARE, sont appréhendés par la définition de bons états écologiques, de niveaux de travail décents, de préservation de l’intégrité des êtres humains employés, etc. sur base scientifique et collectivement acceptée.

CARE connecte les enjeux financiers et extrafinanciers par le 'coût'/dépense, en particulier les dépenses de préservation des capitaux. La théorie de valeur de CARE repose dès lors sur le 'coût'. 

La méthodologie permet d'apporter un gain informationnel, quantitatif et qualitatif sur les performances de l’organisation. 

C.A.R.E. n’a pas un rôle de "juge" de l’organisation mais de support à la prise de décision et de (re)cadrage de l’activité.

Sa mise en œuvre se fait en collaboration avec elle.

Des ateliers/dialogues sont organisés avec les équipes de l’organisation préalablement identifiées.

Ces ateliers/dialogues permettent, d’une part, de recevoir les informations nécessaires au déroulement du projet d’implémentation et, d’autre part, de former les équipes dont le travail sera modifié par C.A.R.E.

➡️ Pour plus d'informations sur les mises en oeuvre et leur déontologie

Phase 1A

Analyse le modèle organisationnel

[Comprendre le fonctionnement de l'organisation]
 

Discussion avec l’organisation pour déterminer son modèle de fonctionnement.

L'organisation est conçue comme un ensemble d'activités (de processus) qui compose et recompose des biens et des services en d'autres biens et services.

Il s'agit dans cette phase:

  • de comprendre les types de biens et/ou de services qui constituent le but de l'organisation

  • les types d'activités qui structurent l'organisation

  • les biens et services qui sont consommés dans les différentes activités permettant d'atteindre le but de l'organisation

Cette analyse doit conduire à mettre en évidence les raisons pour lesquelles les capitaux (phase 1B) sont consommés/dégradés dans le processus organisationnel.

Phase 1B

Définir les capitaux extra-financiers

[Redéfinition de la soutenabilité en termes de capitaux (sources de préoccupation) au sens de CARE]
 

Discussion avec l’organisation pour déterminer les capitaux à préserver, au sens de C.A.R.E.: cette discussion doit donner lieu à une mise en évidence des préoccupations liées aux différents types de capitaux.

Il s'agit de repenser toutes les problématiques socio-environnementales liées à l’activité propre de l’organisation en termes d’entités capitales à préserver, ce qui permet de décentrer le regard de l’organisation au-delà de son périmètre.

L'enjeu est de passer d'une réflexion en termes de flux (flux d'émissions de gaz à effets de serre, flux de polluants, etc.) à une logique de "stock": ainsi, une problématique de durabilité, pour C.A.R.E., renvoie à un impact sur une entité donnée de notre monde commun. La question est donc de savoir quelle entité et quelle est la nature de l'impact sur cette entité.

Une fois déterminés, les « capitaux » sont représentés par des "traducteurs (d’état)", capables de renseigner concrètement l’organisation sur l’état des capitaux et leur niveau de préservation.

Ces traducteurs peuvent être par exemple des batteries d’indicateurs, mais il peut s’avérer nécessaire d’avoir recours à des biomarqueurs (comme dans le cas de la détermination du bon état écologique des masses d'eau tellle qu'exigée par la loi) voire à des êtres humains à même de donner des descriptions complexes et adaptées : par exemple, un ensemble de données médicales sur un salarié ne peut se substituer à l’avis circonstancié d’un médecin du travail, qui peut établir de façon plus pertinente si l’état de santé d’un employé est ou n’est pas préservé au travers de son emploi. 

Ces traducteurs d’état sont associés à des "seuils de préservation" scientifiquement validés : le dépassement d’un seuil par un des traducteurs d’état d’un capital donné correspond ainsi à une dégradation du capital considéré, et donc à l’émergence d’une dette vis-à-vis de ce capital.

Exemples.

  • Pour le « capital-climat » :

    • Traducteur d’état : budget carbone 

    • Seuil : budget carbone aligné sur les Accords de Paris, tel que déterminé, par exemple, par SBTi (Science Based Targets initiative);

  • Pour un capital-être humain "employé" :

    • Traducteur d’état (entre autres) : médecin du travail

    • Seuil : état de bonne santé tel qu’apprécié par la médecine du travail.

Phase 2

Insérer les capitaux dans le modèle d’affaires

[Tableaux de bord, Comptabilités biophysiques, Re-compréhension de l’activité de l’organisation et de sa création de valeur]

Pour chaque capital déterminé en phase 1B, une étude de leurs différents "emplois/impacts" dans l’exploitation de l’organisation, telle que déterminée en phase 1A, est menée.

Chaque emploi/impact correspond à un charge au sens de C.A.R.E. Tandis que la résultante d'un emploi correspond à un actif.

Cette phase permet à l’organisation de comprendre précisément comment les capitaux participent à son activité et quel est le support réel de sa création de valeur.

Chaque emploi d’un capital est un support de création de valeur et, en même temps, une source possible de dégradation de ce capital

➔ Lien entre emplois (actifs), créations de valeurs et dégradations des capitaux

Pour un capital-sol:

Emploi: Labour ➔ Charge (sur capital-sol) au sens de C.A.R.E.

Actif (résultante du labour): Sol labouré

Sont mis en évidence des "indicateurs d’impacts" qui mesurent et suivent l’impact négatif que chaque emploi peut occasionner aux traducteurs d’état des capitaux, pour déterminer si un emploi conduit à dépasser les seuils de préservation des capitaux.

Sont également structurés des "indicateurs de gestion" qui sont des indicateurs directement liés à la gestion de l’organisation et corrélés, de façon plus ou moins complexe, aux indicateurs d’impacts.

Les traducteurs d’état, les indicateurs d’impact et les indicateurs de gestion forment une comptabilité biophysique, structurant des tableaux de bord aptes à suivre dans le temps l’état des capitaux et l’éventuel dépassement de leurs seuils de préservation, au regard de leurs emplois/impacts dans l’exploitation de l’organisation.

Exemple.

Pour le capital-climat :

Emploi : Entreposage de GES ➔ Charge (sur capital-climat) au sens de C.A.R.E.

➔ Indicateur d’impact : Emissions directes de GES

➔ Indicateur de gestion (entre autres) : Intensité carbone (rapport entre émissions et production de l’entreprise) 
 

Phase 3

Structurer les actions de préservation et les différencier avec les actions d’évitement

A chaque fois que des emplois de capitaux sont décidés et qu’il est estimé que ces emplois conduiront dans le temps à un dépassement de seuil de préservation (cf. Phase 2), des "actions de préservation" doivent être prévues pour garantir la préservation de ces capitaux.

Ces actions de préservation sont de deux types : prévention et restauration.

Ces actions structurent la "fonction de préservation" de l’organisation.

Ces actions sont différenciées des "actions d’évitement", qui font partie de la fonction d’exploitation de l’organisation. Une action d’évitement est une activité d’exploitation normale mais qui a comme conséquence d’avoir moins d’impact sur un capital donné. En cela, on considère qu’elle permet à l’organisation de se désendetter au niveau de ses capitaux extra-financiers.

Exemple.

Action de préservation (pour un capital-sol) : paillage du sol

Action d’évitement (pour le capital-climat) : achat d’une machine moins émettrice de GES

Phase 4

Prendre en compte la chaîne de valeur et les investissements financiers (prêts, titres, etc.)

Requalification et réévaluation des flux entrants et des flux sortants de l’organisation le long de la chaîne de valeur de l’organisation (et lors de ces investissements financiers), à partir de l’hypothèse que CARE est appliquée à l’ensemble de la chaîne de valeur.

  • Flux entrants : charges externes et charges d’achats

➥ Classification de ces charges via une matrice permettant de mettre en lumière leur impact sur l’organisation (charges servant à la préservation de l’organisation, à des actions d’évitement, etc.)

➥Réévaluation de ces charges pour y intégrer les coûts de préservation des capitaux en amont de la chaîne valeur et qui ne sont pas pris en compte actuellement.

Exemple : une entreprise achète de l’électricité carbonée à un fournisseur d’énergie ; l’entreprise doit ainsi intégrer au coût d’achat de l’électricité un surcoût correspondant à la préservation du « capital-climat », si le fournisseur avait mis en place CARE. Cette réévaluation rend plus concrète le scope 3 (GES) par exemple, le traduisant de façon monétaire.

  • Flux sortants : ventes (chiffre d’affaires) et investissements financiers de l’organisation

➥ Classification de ces flux selon une matrice permettant de mettre en lumière leur impact sur le client ou le projet d’investissement (vente de produits/services ou investissements servant à préserver des capitaux, à des actions d’évitement, etc.).

Phase 5

Structuration des dépenses de préservation

La conséquence logique de l’architecture comptable de C.A.R.E. est de fonder la théorie de la valeur sur les dépenses de préservation des capitaux : cette dépense établit le lien entre la comptabilité biophysique (cf. phases 1, 2 et 4) et des traductions monétaires, qui conduisent à terme à une comptabilité intégrée.

Insistons sur le fait que cette traduction monétaire basée sur les dépenses de préservation diffère profondément d’une financiarisation de la nature et des êtres humains, ce à quoi mène par contre l’approche selon le modèle 2 : il s’agit ici non pas d’estimer la valeur générée par des éléments socio-environnementaux mais les dépenses nécessaires pour préserver les entités estimées capitales à préserver.

Les étapes précédentes permettent d’évaluer les dépenses des actions de préservation à prévoir lors de l’emploi de capitaux (il s’agit de dépenses prévues). Ces dépenses correspondent, par définition, à l’évaluation des capitaux employés dans C.A.R.E.

Plus précisément, la traduction monétaire des capitaux se basent sur des "euros (ou une autre unité monétaire) nécessaires". Cette notion traduit l'idée que l'ensemble des rapprochements entre capitaux non-financiers et monnaie se fait sur la base de planification d'activités de préservation, et donc de sommes d'argent nécessaires pour garantir ces activités.

Exemple:

En phase 1B est retenu un capital-sol / En phase 2, un emploi de labour est mis en évidence / Cet emploi oblige, pour C.A.R.E., à prendre en compte une activité future de remise en état du sol. Cette activité à prévoir engendrera une dépense de X€.

Dans ces conditions, la première estimation de ce capital-sol est basée sur des informations non-monétaires (comptabilité biophysique), puis lors de la phase 5, ce capital-sol est traduit en "euros nécessaires": ce capital-sol est ainsi traduit par 10 000€N (€ nécessaires).

Phase 6

Reprise du modèle d’affaires en intégrant les coûts

[Structuration du Grand Livre, Proxys monétaires de la comptabilité biophysique, Activités de préservation réalisées versus non-réalisés]

La comptabilité biophysique établie en phases 1 et 2 est reprise et traduite monétairement via les dépenses de préservation.

Sont mis en évidence les dépenses de préservation réellement réalisées en comparaison avec les activités telles que prévues en phase 3 (et supports de la traduction monétaire des capitaux).

L'écart entre les dépenses de préservation prévues et réalisées constituent la traduction monétaire de la dette socio-environnementale de l'organisation (exprimée en "euros nécessaires").

Cette phase donne lieu à une classification dynamique de l’ensemble de l’activité de l’organisation dans un plan de compte (et donc un Grand Livre), cartographiant en détail l’activité de l’organisation (entre ces activités d’exploitation et de préservation).

Ce plan de compte constitue un exercice de pré-normalisation alignée sur des enjeux de préservation écologique et adaptée à la comptabilité traditionnelle des entreprises.

Ce Grand Livre est une comptabilité intégrée (connectée aux plans de compte habituels), croisant enjeux financiers et non-financiers, traduis par le biais de valeurs monétaires (reposant sur les dépenses prévues de préservation).

 

Phase 7

Bilan, Compte de Résultat, Annexe

En fin de période comptable, la phase 6 conduit à un bilan et un compte de résultat qui synthétisent les données du Grand Livre. L’annexe intègre notamment la définition des capitaux retenus, des informations sur la comptabilité biophysique (phases 1 et 2), des informations sur d’éventuelles dégradations irréversibles, etc.

PRESENTATION DE BILAN ET COMPTE DE RESULTAT TYPES SELON C.A.R.E.

(A adapter selon les situations)

Phase 8

Analyse intégrée

Une fois ce travail comptable finalisé, la dernière étape est de « faire parler » ces documents. Il s’agit donc d’étendre l’analyse financière pour proposer une analyse intégrée, apte à comprendre les performances de l’organisation de façon intégrée (Par exemple sa solvabilité écologique, dont sa solvabilité climatique, l’effet levier dû aux capitaux extra-financiers, la part des capitaux extra-financiers dans la rentabilité économique, etc.).

Cette analyse est utile à de nombreux égards, parmi eux l’anticipation d’une législation future plus stricte et une meilleure compréhension du modèle d’affaire de l’organisation pour réorienter/restructurer si besoin ses activités.

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